IWA et ABRIANE se retrouvent sur la place du marché. Ils ont faim mais pas d’argent. Abriane a deux pommes dans sa poche, il en donne une à IWA. Les deux discutent tout en se régalant de ces fruits.
En discutant, ils se rendent compte qu’ils ont pris le même chemin pour venir.
IWA dit :
– As-tu vu cet espèce de fou qui se prenait pour un arbre, il se tenait comme un débile sur le bord du chemin, les bras ouverts en répétant « Je suis l’arbre de la vie ». Quel fou ! D’ailleurs je lui ai dit qu’il était complètement idiot.
– Oui je l’ai croisé, je lui ai dit bonjour. Je ne l’ai pas pris pour un fou, simplement pour quelqu’un qui faisait une expérience. Tu sais, tu ne devrais pas dire ni même penser de pareilles choses, médire n’est jamais quelque chose de bon, tu devrais garder ta parole impeccable.
– Tu parles d’une expérience, je suis sûr qu’il faisait ça pour se rendre intéressant et pour que le roi le remarque. Ou plutôt pour mendier et nous prendre les quelques pièces que nous aurons trouvées en travaillant.
– Je ne sais pas pourquoi il faisait ça. Généralement, je préfère ne jamais interpréter, alors je lui ai demandé la raison. Il m’a expliqué que c’était un exercice que lui demandait son enseignant en méditation, il devait apprendre à se tenir entre le ciel et la terre pour recueillir les fruits. J’ai pris le temps de le regarder et en le contemplant, je l’ai trouvé très beau, il y avait même des oiseaux qui se perchaient sur ses bras et sur sa tête.
– Parlons-en des oiseaux, il y en a un qui a fait ce que je pense juste devant moi et comme je parlais au vieux fou, j’ai glissé et je suis tombé. Je suis sûr qu’il a commandé à l’oiseau de faire son caca-là, exprès pour que je tombe. Il m’en veut, je ne sais pas pourquoi. Si ça se trouve il s’est même mis sur ma route dans le but conscient de me jouer ce sale tour. Ma tunique est toute sale à présent. Si je le revois celui-là, il entendra parler de moi.
– Tu ne devrais pas en faire une affaire personnelle, je crois que cet homme n’a rien à voir avec toi. Et tu sais, c’est toujours mieux de regarder où l’on pose ses pieds. Tu n’étais peut-être pas très attentif et même pris dans tes pensées… négatives. En plus cette nuit il a plu, si ça se trouve ta tunique est simplement tâchée de boue.
– Peut-être. Qu’as-tu fais toi ?
– Je suis resté un moment à le regarder. J’ai fait de mon mieux pour ne pas le déranger, pour ne rien penser, pour repousser les jugements qui venaient bien sûr dans ma tête, je voulais juste essayer de comprendre son expérience en la vivant quelques instants à côté de lui. Il restait immobile, souriait, les bras ouverts comme les branches d’un arbre. Il avait l’air très heureux. Et j’ai pu gouter cela un instant. Et tu sais quoi ? Tout à coup, deux pommes magnifiques sont sorties de ses manches. C’était magique. Il me les a données. Je n’en ai jamais mangé de meilleures. Tu n’es pas d’accord qu’on se régale.
– C’est vrai, tu as raison. Elles sont délicieuses. Et j’ai eu tout faux, je me suis laissé embarqué dans mes peurs et mes jugements. Une prochaine fois, je ferai de mon mieux pour avoir une parole impeccable, pour ne rien prendre personnellement et ne pas faire de supposition.
– Sache que cette conduite a un nom, ce sont les quatre accords toltèques…
© Anne-Laure Boselli – texte inspiré des quatre accords toltèques de Don Miguel Ruiz
Si ce texte vous a plu, sentez-vous libre de le partager sur vos réseaux, en prenant soin de mettre le nom de l’auteur et la référence à Monsieur Ruiz. Merci